2024 a représenté un tournant décisif pour la croissance du secteur des entreprises de services. Suite à près d'une décennie de croissance à deux chiffres, les prévisions de croissance (même plus modérées) de 2024 n'ont pas été atteintes en Europe (le secteur des ESN l’illustre particulièrement avec une croissance de 0,7 % sur l’année contre les 0,9% attendus selon Numeum). Le secteur a connu un net ralentissement, évoluant vers un rythme de croissance plus modéré qui semble devoir persister en 2025 et sûrement au-delà.
Les principales causes ? Un contexte économique et géopolitique défavorable. L’incertitude ne sied à personne. En conséquence, la croissance interne des sociétés de services s'est ralentie en raison de la baisse de la demande pour leurs prestations, tandis que leur croissance externe a été freinée par une réduction des activités de fusion et acquisition (rachats d’entités spécialisées, de cabinets internationaux…), deux piliers traditionnellement essentiels à leur développement.
La prudence est de mise, mais il est intéressant de s’attarder sur le fait que le marché reste en croissance et que certaines géographies ne connaissent pas de ralentissement.
C’est pourquoi de nombreuses entreprises de services regardent outre-Atlantique, outre-Manche en Europe ou en direction du Moyen-Orient. Ce sont des décisions stratégiques en termes d’investissements ou d’implémentations.
La majorité des grands cabinets ont une empreinte internationale et regardent de près l’ensemble des décisions politiques prises au niveau national comme international. Dans le contexte actuel (arrêté à février 2025 dans le cadre de la rédaction de cette étude), le commerce international et ses règles sont mis à mal : politiques liées aux droits de douanes, fermeture des frontières, et législations contraignantes envers les entreprises de services (telles que la CSRD, qui impose un reporting ESG renforcé, et le DORA, qui soumet les prestataires financiers à des exigences strictes en matière de cybersécurité et de gestion des risques numériques).
Des décisions qui font émerger de nouvelles préoccupations : comment conserver sa marge lorsque les compétences sont importées de pays aux TJM plus faibles, mais que l’augmentation des droits de douane pèse lourdement sur les coûts ? La relocalisation des compétences devient-elle une nécessité ? Et comment exporter ses services tout en restant compétitif à l’étranger ?